
Rapport stratégique sur l’état du R&C en France
Risque, conformité et lancement d’alerte en FranceDepuis 2021, l’environnement du risque et la conformité français est marqué par la maturité des exigences Sapin II et l’intégration complète de la Directive européenne sur les lanceurs d’alerte. Ces cadres réglementaires ont généré des investissements opérationnels significatifs, visibles dans les indicateurs de performance. Pour maintenir ce leadership en conformité, il est crucial de transformer ces gains opérationnels en une stratégie d’atténuation des risques proactive et résiliente.
Méthodologie
Ce rapport propose une analyse stratégique complète et quantifiée de l’évolution du paysage du Risque et de la Conformité (R&C) en France sur la période 2021-2025. Cette étude s’appuie sur la synthèse des données propriétaires de gestion d’incidents NAVEX et de données de référence sur la perception globale.
L’objectif est de fournir aux dirigeants une évaluation longitudinale de la maturité des programmes, de leur performance opérationnelle et de leurs expositions stratégiques aux risques. Nous combinons l’analyse des tendances d’incidents à long terme avec la perception actuelle des programmes pour identifier la déconnexion entre la sophistication opérationnelle et l’orientation stratégique.
Chiffres clés
Données clés sur le risque, la conformité et le lancement d’alerte en France
- 0.54
Rapports aux 100 employés
+42,1 % en 1 an
- 55 %
De taux de justification des alertes
2e taux le plus élevé parmi les marchés analysés
- 76
Jours en moyenne pour clore un rapport
+20 jours depuis 2021
Tendances annuelles
Cette section décortique le parcours de la fonction R&C française de 2021 à 2025, révélant des phases de développement distinctes.
La période 2021-2023 a été marquée par une réponse opérationnelle rapide aux nouvelles exigences en matière d’alerte professionnelle (Directive UE). Les données des rapports NAVEX sur les alertes et la gestion d’incidents (Benchmark) témoignent d’une montée en puissance des indicateurs de performance.
Selon les données des rapports NAVEX, le focus a ensuite glissé de 2023 à 2025 vers l’optimisation des programmes, au détriment de la gestion fondamentale des risques. Ce déplacement stratégique est source d’angles morts majeurs en matière de conformité.
Analyse : L’augmentation de 8 points dans la catégorie “Optimisation”, portant le total des programmes dans les phases “Gestion/Optimisation” à 65 % en 2025, confirme que la France est un environnement à haute maturité, prêt à dépasser la simple conformité de base.
Analyse : Les données révèlent un déclin opérationnel potentiel significatif et accéléré depuis 2022. La médiane de 76 jours en 2024 est la plus élevée sur quatre ans, soit une augmentation totale de 20 jours par rapport à la période stable 2021-2022. Cela suggère que la capacité d’enquête est dépassée par le volume élevé de signalements, transformant une fonction hautement performante en un frein opérationnel critique.
Analyse : La hausse de 42,1 % du volume de signalements pour 100 employés entre 2023 et 2024 indique une forte reprise. Ce bond suggère une confiance accrue des employés dans la confidentialité et la promesse de non-représailles du dispositif d’alerte.
Analyse : Le pic de 14 points en 2023 marque un saut significatif dans la qualité des signalements, suivi d’un léger gain en 2024. Le Taux de Confirmation de 55 % actuel témoigne d’une combinaison réussie de signalements de haute qualité et de fonctions d’enquête ciblées.
Analyse : Le bond de 13 points dans la formation DEI (Diversité, Équité, Inclusion) et la légère augmentation de l’EHS (Environnement, Hygiène, Sécurité) démontrent un pivot culturel fort vers les responsabilités sociales et environnementales. Ce nouveau focus a créé un compromis critique dans le domaine technique/réglementaire : la Protection des Données a chuté de 12 points depuis 2023, passant de 51 % à 34 % en 2025. Contrairement à la Privacy, la Cybersécurité reste stable à 54 % (léger déclin de 3 points). Cette divergence suggère une consolidation des formations techniques due aux risques émergents (comme la gestion des risques liés à l’IA, avec 77 % d’engagement en 2024). Ce potentiel regroupement, combiné à la nouvelle priorité sociale, laisse la formation dédiée à la Protection des Données critiquement sous-représentée, créant une lacune d’exposition dans un domaine clé de la conformité au RGPD.
Analyse : La chute de 19 points signifie que 54 % des répondants français n’évaluent pas la posture de cybersécurité essentielle de leurs tiers. Cela fait de la chaîne d’approvisionnement l’un des plus grands risques externes non géré.
Analyse : La réduction des mesures externes (réglementaires et médiatiques) est un succès. Cependant, la hausse de 3 points des dommages liés à la mauvaise conduite des dirigeants peut indiquer un glissement de la priorité organisationnelle d’une approche culturelle proactive vers une conformité réactive, signalant une dérive culturelle potentielle au niveau du leadership.
Tendances géographiques
Cette seconde partie évalue le programme R&C de la France par rapport à ses principaux homologues mondiaux (Allemagne, Royaume-Uni, États-Unis et moyenne européenne). Cette comparaison s’appuie à la fois sur les données d’incidents à long terme et sur les dernières données de perception des programmes pour mettre en évidence les avantages concurrentiels et les retards critiques de la France.Analyse : En 2025, la maturité autodéclarée de la France (catégorie “Optimisation”) dépasse de 7 points celle des États-Unis et de la moyenne européenne. Cela signale un niveau de confiance élevé dans la conception du programme, mais cette perception n’est pas garantie par une rapidité opérationnelle ou une performance en matière d’atténuation des risques supérieure.
Analyse : Avec une moyenne de clôture de 76 jours en 2024, la France se positionne désormais comme la deuxième plus lente parmi ses pairs majeurs. L’Allemagne affiche un temps de clôture plus rapide à 66 jours, tandis que la France est légèrement plus rapide que le Royaume-Uni (82 jours) mais plus lente que la moyenne européenne globale (69 jours). Le manque de rapidité est un désavantage opérationnel clé.
Analyse : Le taux de corroboration de 55 % en 2024 est le deuxième plus élevé parmi toutes les juridictions comparées, confirmant la performance de pointe de la France dans le tri des incidents et la qualité des enquêtes. La France maintient une avance solide, se situant 11 points devant le Royaume-Uni (44 %) et 10 points au-dessus des États-Unis et de la moyenne européenne (+8 points). Cette accélération significative depuis 2023 fait de la confirmation des violations et du filtrage des signalements non pertinents une force concurrentielle essentielle de l’environnement R&C français.
Analyse : Le volume de signalements de la France en 2024 (0,54) est inférieur à la moyenne européenne (0,67) et significativement plus bas que l’Allemagne (0,71). Malgré la haute qualité des rapports (voir point 3), ce faible volume indique la nécessité de campagnes de communication internes ciblées pour stimuler la participation et la confiance des employés.
Analyse : La France est en retard de 17 points sur l’Allemagne et de 9 points sur la moyenne européenne. Ce chiffre de 46 % (de répondants effectuant un filtrage cyber des tiers) confirme que la chaîne d’approvisionnement est un risque critique non géré qui place la France en position de désavantage concurrentiel par rapport à ses pairs.
Analyse : Les organisations françaises priorisent la formation à la protection des données 14 points de moins que leurs homologues du Royaume-Uni et 22 points de moins que celles d’Allemagne. Cela crée un fossé réglementaire auto-infligé important dans un domaine juridique central, en particulier compte tenu des exigences du RGPD.
Conclusion et recommandations and stratégiques
Synthèse des constats (2021-2025)
L’analyse révèle une narration sur cinq ans d’excellence du programme R&C français en matière de qualité d’enquête, contrastant avec un défi significatif en matière de vitesse opérationnelle et de priorisation stratégique. Les données du Whistleblowing & Incident Management Benchmark présentent un bilan opérationnel mitigé : la qualité des rapports et des enquêtes reste élevée (Taux de Confirmation de 55 %), mais le programme est engorgé. Le délai de clôture des cas a grimpé à 76 jours, positionnant la France comme le deuxième pays le plus lent parmi ses principaux pairs.
Simultanément, les données de l’enquête State of Risk & Compliance soulignent un changement de priorité, notamment le retrait de la culture éthique au profit de la conformité aux lois et règlements applicables (la seule priorité restant élevée à 60 %). Ce changement s’accompagne d’une baisse massive de 19 points de l’accent mis sur le filtrage cyber des tiers.

Recommendations clés
- Résoudre le décalage opérationnel :
Évaluez votre programme et, si nécessaire, corrigez l’augmentation moyenne de 20 jours du délai de clôture des cas, qui est actuellement quatre jours plus lents que la moyenne EMEA. L’accent doit être mis sur la réingénierie du processus d’enquête et/ou l’allocation de capacités pour rétablir une vitesse compétitive. - Inverser le changement de priorité stratégique :
Rééquilibrez l’attention de la direction pour accroître la priorisation de la culture éthique et de la gestion proactive des risques.
L’accent actuel mis sur la conformité légale réactive rend l’organisation vulnérable à des inconduites internes évitables, comme en témoigne la recrudescence des cas de mauvaise conduite au niveau exécutif. - Combler les lacunes de risques techniques :
Les entreprises doivent prendre des mesures ciblées immédiates pour combler les déficits de gouvernance technique par rapport à la concurrence :- Filtrage cyber des tiers : Les organisations devraient évaluer leurs politiques actuelles de filtrage cyber des tiers pour atténuer les risques critiques de la chaîne d’approvisionnement.
- Formation à la protection des données : Les entreprises devraient revoir et augmenter les ressources dédiées à la formation sur la protection des données afin de cibler la réduction de l’écart substantiel de 22 points avec leurs pairs dans ce domaine clé du RGPD.
Perspectives d’avenir
2026 et au-delà
Les données de tendance sur cinq ans offrent une voie claire pour la fonction Risque et Conformité (R&C) française. Bien que les programmes parviennent à maturité, le principal défi pour 2026 réside dans le maintien de l’orientation opérationnelle et stratégique.

L’impératif 2026 : Capacité et culture
Le problème fondamental à l’approche de 2026 est un déficit de performance significatif.
Le programme de conformité peut être très efficace pour filtrer et confirmer les cas d’inconduite avérés, une force prouvée par le taux de confirmation élevé. Cependant, le processus d’enquête et de clôture de ces cas confirmés est critiquement lent : le délai médian de clôture est passé à 76 jours.
Ce goulot d’étranglement opérationnel est aggravé par une dérive stratégique. Les récentes enquêtes de perception des programmes indiquent que l’attention des cadres supérieurs se détourne de la culture éthique proactive au profit du simple respect des exigences minimales de conformité légale.
Cette combinaison crée un profil de risque non géré :
- Exposition réglementaire : La négligence des domaines techniques clés, tels que le filtrage cyber des tiers et la formation dédiée à la protection des données, expose les organisations à des actions réglementaires majeures et évitables (comme des amendes sévères du RGPD) et à des violations de la chaîne d’approvisionnement.
- Responsabilité opérationnelle : La lenteur du délai de clôture prolonge l’exposition de l’organisation aux inconduites confirmées, augmentant ainsi les dommages potentiels, la responsabilité et les coûts associés à chaque incident.
La voie à suivre
Le succès en 2026 et au-delà nécessite que l’équipe dirigeante comble ce fossé de performance par un déploiement ciblé des ressources. L’allocation des ressources adaptée au risque doit définir la prochaine phase de développement et de maturité du programme R&C.
Cela signifie que le leadership doit se focaliser sur ces trois actions :
FAQ : Critères de l'analyse de données
Quelles exigences ou limites avons-nous prises en compte avec les Rapports de référence sur le lancement d’alerte et la gestion des incidents ?
Les informations proviennent des données d’incidents signalés par les entreprises françaises, quel que soit le lieu de signalement du rapport. Elles représentent un petit groupe d’organisations.
Les chiffres « Europe » incluent l’ensemble de l’union européenne (avec le Royaume-Uni, etc.), offrant un large point de comparaison géographique)Quelles exigences ou limites avons-nous prises en compte avec les Rapports sur l’état des risques et de la conformité ?
Les données sont collectées d’année en année auprès des répondants à l’enquête et sont anonymisées. Les informations proviennent des données déclarées par les répondants basés en France. Elles représentent de petites cohortes qui changent chaque année.
Qui sont les auteurs

Isabella Oakes
Analyste de données
NAVEX

Alexandre Bougherara
Rédacteur en chef associé
NAVEX
Rapports de référence
France : Statistiques de Risque et Conformité
Statistiques de risque et conformité issues d’enquêtes auprès de près de 1 000 professionnels. Améliorez vos pratiques et références pour la France.
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Rapports de référence
Rapport de référence régional sur le lancement d'alerte et la gestion des incidents en 2024
Ce rapport vous fournit les informations dont vous avez besoin pour garder une longueur d’avance sur les risques régionaux et favoriser une forte culture de la conformité.
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